Pour la musique c’est pareil, la musique a besoin de respirer...
On constate beaucoup moins ce défaut chez les instruments à vent qui ont besoin de reprendre leur souffle.
Si on analyse les solos et improvisations qui ont le plus marqués la musique on se rend compte de ça ... la musique est assimilable à un langage, à une parole.
Même si pat metheny n’est pas mon guitariste préféré j’aime à prendre comme exemple certains de ses solos comme une référence; et je dis souvent pour illustrer ça: il parle avec la guitare ( le solo de "Something to remind you" ci bas ) .
Ayant transcrit beaucoup de solos de guitare et d’autres instruments j’ai souvent constaté que les meilleurs solos étaient aussi très beau lorsqu’ils étaient écrits sur le papier. Une belle partition aéré et une gestion de l’espace même visuelle.
La gestion de l’espace
Pour moi le roi de la gestion de l’espace c’est Miles Davis. J’ai même envie de vous dire que si je devais décrire le solo parfait je prendrais un solo de Miles Davis.
Il est un des rares musiciens de jazz qui peut toucher les non musiciens. Il paraît qu’à une époque les gens chantaient des partis de ses solos improvisés dans la rue ( des non musiciens ), c’est d’ailleurs une des explications de son franc succès.
Autre anecdote intéressante, paraît il que Miles Davis avait une mémoire photographique. Il photographiait dans son esprit la partition du thème et se servait des notes du thème pour créer son improvisation. Ce qui explique que lorsqu’on écoute un de ses solos on peut sur quel standard de jazz il joue. ( a titre d’indication beaucoup de standards on exactement les mêmes grilles d’accord ).
Miles improvisait des mélodies et les mélodies ont besoin d’espace pour exister. Une mélodie peut être chantée, elle a donc besoin de silence pour respirer.
Je suis le premier à me faire cette réflexion. Lorsque je m’enregistre sur Logic Pro x et que je vois que la courbe du son fait un gros pâté sans espace je me dis:
C’est même pas la peine d’écouter ... la musique ne respire pas ...
Et je peux vous dire que lorsque j’écoute un autre musicien jouer, la première chose que j’écoute c’est son rythme, son groove et le rythme de son improvisation.
La maitrise rythmique de Nelson veras
Le guitariste qui m’impressionne le plus au niveau du rythme c’est Nelson veras ( voir vidéo ci bas )...
on pourrait faire une thèse qui porterait uniquement sur le rythme utilisé dans certains de ses solos ( d’ailleurs certains l’ont fait). C’est parfait au niveau placement et je suis sur qu’il utilise des rythmes que même les batteurs les plus aguerris ne maîtrisent pas. Quintolets, septolets, subdivisions poly rythmiques et j’en passe.
Sans parler de cette ultra maitrise il suffit de prêter attention au rythme des solos dont on se lasse pas.
Architecture rythmique des phrases
Pour ma part quand j’écoute un musicien improviser j’écoute en premier lieu son rythme, son groove, l’architecture des phrases, de quels endroits de la mesure partent les phrases, où elles atterissent, le groove, est ce qu’il joue au fond du temps, sur le temps, devant le temps …
J’ai compris que ce qui me plaisais le plus dans les improvisations que j’écoute en boucle et des fois depuis des années c’est bien le rythme.
Pour la plupart d’entre vous, vous savez que je crée des backing tracks pour que les musiciens s’entrainent à improviser. Beaucoup d’entre eux m’envoient des liens vers leurs improvisations.
Et dans 99% des cas il n’y a pas ou très peu de rythme … Il y en a même un qui m’a envoyé une vidéo où il joue un plan en sextolets pendant deux minutes ( le même )…. Même si je ne l’ai pas dit je pense qu’on ne peut pas assimiler ça à de la musique. Le même plan aurait était jouissif à la fin d’un solo bien construit.
Arrêtez de bosser, ayez du charisme ( blague )
Pour finir je dirais ( et ça n’engage que moi à l’époque ou j’écris cet article ) que ce qui va définir un bon solo de guitare ( ou peu importe l’instrument ), ou une bonne improvisation c’est:
- A 30% les notes choisies
- A 50 % le rythme
- A 15% l’interpretation ( certain vont appeler ça le feeling, nuances etc… )
- A 5 % la magie ou le charisme ( difficile à définir … à très très haut niveau cela fait la différence … combien il y a t il de musiciens extraordinaires qui ont le charisme d’une huitre … qui ne dégagent rien ) Quelquefois ces 5% peuvent rattraper tout le reste…
Anecdote:
Je me souviens d’une prestation avec mon ami et chanteur Steve. A la pause cigarette ( à l’époque je fumais ) au loin on entend une chanteuse en train de chanter sur une bande karaoké dans un établissement non loin de là… UNE HORREUR … Aucun mot juste et pas top niveau placement rythmique ( dans ce cas là on ne pouvait pas parler de réinterpretation … ) Nous avons décidé d’aller jeter un oeil par curiosité et pour voir comment le public à proximité réagissait …
Nous sommes restés scotcher par ce qu’elle dégageait… C’était limite émouvant … En live c’était possible et en studio avec de très bons ingénieurs du son aussi finalement.