L’effet de la pratique musicale sur l’activation corticale
L’activité cérébrale diffère selon le niveau musical associé aux heures de pratiques. Une étude de Lotze et al (2003) montrait une activité plus intense et focal du cortex M1 droit (main gauche étudiée) des violonistes professionnels (30 heures de pratique par semaine, moyennant 30 ans d’expérience), alors que le groupe amateur (pratiquant 1h par semaine) montrait une activité plus diffuse et sur les deux hémisphères. Ce résultat peut être interprété en partie par une augmentation de la représentation corticale de la main (cf. figure 3 homonculus moteur) tout comme l’automatisation des mouvements.
Les deux hémisphères contrôlent chacune une partie du corps, l’hémisphère droit la partie gauche et inversement. Ces deux hémisphères communiquent via un grand nombre de fibres qui passe dans le corps calleux (figure 5). La pratique d’un instrument demande un habilité à contrôler les deux mains avec une haute dextérité. Par exemple, chez les pianistes la dextérité doit être symétrique pour les deux mains. L’épaisseur du sillon central (Figure 5) va représenter la dominance d’une main, droitier ou gaucher. Cette asymétrie de la profondeur du sillon centrale est moins importante chez les pianistes puisque la dextérité des deux mains est pratiquement équivalente (Amunts et al., 1997).
De la même manière, la question se pose sur un hypothétique changement structural du corps calleux chez les musiciens. Une étude a été menée pour comparer le corps calleux antérieur chez des musiciens et non musiciens entre 18-25 ans. Les résultats montrent que chez les musiciens la partie antérieure du corps calleux est plus importante (Lee et al., 2003; Schlaug et al., 1995) supposant une meilleure connectivité entre les aires motrices pouvant impliquer une meilleure coordination. Cet effet ne concerne que la population masculine par rapport à l’échantillon servant à l’étude.
Ces différentes études supposent une modification structurale des régions corticales imputée à la pratique d’un instrument. En effet, d’autres régions que le système moteur vont être modifiées par l’entrainement.
Cet article permet d’appréhender le fonctionnement du système moteur au travers de modèles cognitifs et des substrats anatomiques dédiés. Il ne s’agit que d’une petite partie pour mieux comprendre l’organisation corticale sensorimotrice du cerveau dans sa relation à la pratique d’un instrument. Le niveau développé de son instrument va dépendre du nombre d’heures que le musicien va accorder à la pratique.
D’autres variables peuvent être prises en compte concernant la rapidité de la technicité. Il existe de nombreuses différences interindividuelles quant à la facilité d’apprentissage. De la même manière qu’il y a de nombreuses différences dans les stratégies mises en place par le musicien pour atteindre un certain niveau. A travers les modèles cognitifs de boucle, la vitesse à la guitare va dépendre non seulement de la mémorisation d’une séquence motrice mais aussi à la formation d’un cluster de mouvement permettant une rapidité d’exécution sans feedback durant le mouvement de par la vitesse d’exécution.
Il existe une dépendance entre temps d’entrainement et objectif désiré. L’optimisation temporelle va dépendre de plusieurs facteurs qui ne sont pas mentionnés dans cet article, tels que les stratégies de mémorisation, la biomécanique, l’âge d’exposition à la musique, l’expertise rythmique et tonale etc… Il existe un large champ scientifique concernant ces facteurs sur lequel il serait intéressant de s’attarder pour mieux comprendre les mécanismes d’apprentissages et compétences développées induites par la pratique d’un instrument.
Clément AMIRI, Psychologue.
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